Philippe Wattier
On a beau s’y mettre, il faut bien l’admettre, nous ne serons jamais des pros du numérique nous, les dirigeants, les quinquas, les seniors… c’est ainsi, c’est une question de génération !

 
Pourtant le numérique a envahi notre univers et bousculé nos habitudes. Alors on essaye, on s’applique, on fulmine, on trébuche mais on s’équipe, on s’enhardit car, on nous doit bien cette concession, tout ce qui est nouveau trouve grâce à nos yeux !

 
On tweet , on blog, on skype, on facetime ; on Itunes…… on a bien sûr un compte partout, sur Linkedin, sur Viadeo, sur Facebook (quoiqu’on hésite un peu pour ce dernier…)

Nos jeunes se moquent de notre gaucherie et de notre lenteur lorsqu’ils nous voient reluquer l’étrange lucarne par dessus nos verres en demi-lunes. C’est vrai que nous ne serons jamais des petites poucettes (1). On est né trop tôt pour cela.
 
Mais peu importe l’essentiel n’est pas là. !

Le dirigeant a juste besoin de savoir ce que cette révolution numérique modifie dans sa manière de diriger les autres et là, les enseignements sont nombreux et d’une portée beaucoup plus importante que la vitesse à laquelle on envoie un SMS.
Dans ce monde numérique le chef n’est plus omniscient. Il doit accepter que ses collaborateurs soient plus compétents que lui dans leurs domaines. Son rôle devient alors collaboratif -celui qui consiste à aider les autres et a les relier entre eux, sans craindre de surcroît d’apprendre d’eux ce qu’il ne sait pas encore (le reverse coaching).

Le leadership que l’on développe par sa capacité d’influence sur son environnement devient lui aussi plus signifiant que le leadership que l’on exerce dans sa ligne hiérarchique. Le nouveau chef est celui qui déplace les lignes au-delà de son périmètre, quitte à bousculer les choses.

Le leadership de flux l’emporte : le dirigeant brasse de l’information en permanence. Son rôle est de la trier, de la distribuer à bon escient, à la bonne personne, au bon moment et a la bonne dose…c’est un exercice totalement nouveau qu’il doit apprendre à maitriser. Par suite on comprendra que le dirigeant ou le manager qui retiendrait l’information au prétexte qu’elle serait source de pouvoir est définitivement hors jeu.

L’organisation pyramidale semble révolue et laisse place à une organisation en projet, déformable, adaptable et auto destructible. Le leader doit inventer sa propre résilience et celle de son organisation à tout moment.

Enfin, le leader devient le coach de ses collaborateurs et surtout des meilleurs d’entre eux. Il doit les choisir plus compétents que lui et s’attacher à les faire progresser dans les domaines où ils n’excellent pas encore …

Mais parmi tous ces nouveaux comportements qui deviennent indispensables, une certitude demeure et devient même essentielle pour contre-balancer la froideur numérique : le chef aura toujours besoin de conduire ses hommes par le contact direct. Contrairement à une idée qui semble se répandre, l’entreprise numérique ce n’est pas l’entreprise virtuelle : la machine à café sera toujours le point de ralliement de la tribu !

(1) « Petite Poucette » de Michel Serres, Edition du Pommier 2013

 

Philippe Wattier – juin 2013

 

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