« Gouvernance et Capital humain »
Invités d’honneur :
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La gouvernance d’entreprise ne peut être réduite au travail que mènent le Conseil d’Administration et la Direction générale dans le champ de la stratégie, des comptes et des risques. Elle a aussi pour objectif de bien utiliser, d’enrichir et de valoriser l’actif humain.
Comment aligner les préoccupations du Conseil et de la Direction générale sur ce point ? Quel rôle doit être dévolu aux uns et aux autres ?
Sur la base du rapport présenté à L’IFA (Institut Français des administrateurs) Didier Vuchot, Président de Korn Ferry et Claire Pedini, Directrice Générale Adjoint de Saint-Gobain, nous ont apporté des éléments utiles à notre réflexion et à notre débat.
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Le débat est introduit par l’explication des raisons qui militent pour qu’un tel sujet soit abordé :
– la fonction Finance et la fonction RH partagent un vocabulaire avec de nombreuses similarités : actif, passif, capital, facteur, ressources, mais cela ne reflète pas pour autant une représentation et un poids comparable de la fonction au sein de l’entreprise ;
– la DRH est la moins représentée des fonctions du Comex au sein du Conseil d’Administration ;
– depuis 20 ans, les acquisitions/fusions se multiplient ; le volet humain, pourtant le plus complexe et cependant réel facteur clé de succès d’intégration, est le plus souvent celui que l’on traite en dernier ;
– dans les missions d’évaluation du fonctionnement du Conseil qu’un cabinet comme Korn Ferry est susceptible de mener on constate que le temps imparti à ce sujet est mineur ;
– au sein du Comité Stratégique, les débats et présentations liés aux stratégies RH ne sont pas systématiques et la part accordée aux stratégies métiers/géographies est toujours prédominante ;
– le risque humain dans ses différentes dimensions n’est que très partiellement traité dans l’analyse et la cartographie des risques ;
– ayant parlé de sujets rémunérations et dans une moindre mesure de plan de succession, les administrateurs ont bien souvent le sentiment du devoir accompli en matière de RH.
Et bien sûr, d’autres raisons doivent exister ; aussi avons-nous choisi d’interroger les administrateurs eux-mêmes sur ce sujet. Notre première et très bonne surprise a été le formidable taux de réponse :
– Un administrateur sur cinq a répondu, ce qui est un bon taux de réponses pour ce type d’enquête
– 70% des sociétés du CAC 40
– 51% des sociétés du SBF 120
– Les répondants se répartissent de la manière suivante : 20% de Présidents du Conseil, 59% d’Administrateurs et 21 % d’Administrateurs salariés…
– 95% d’entre eux soulignent que le sujet de l’actif humain relève du Conseil.
Enoncé des 7 questions :
1. A votre avis, l’actif humain est-il un sujet qui relève du Conseil ?
2. Pour vous les sujets d’actif humain à traiter par un conseil sont ?
– Les nominations, les rémunérations et la succession des dirigeants
– Les enjeux humains de toute évolution stratégique ou grand projet de l’entreprise
– La maîtrise des risques humains
– La politique d’association des salariés à la performance
– La politique des talents et les compétences clés
– Les engagements pris par l’entreprise dans le domaine humain
– La politique des ressources humaines
– Autres
3. Selon vous, si le Conseil doit être impliqué dans les sujets d’actif humain parce que :
– C’est important pour la performance de l’entreprise et l’alignement stratégique
– Des risques y sont associés
– C’est un facteur de différentiation concurrentielle
– Le conseil doit veiller au respect des valeurs et des engagements de l’entreprise
– C’est le volet social et sociétal du développement durable
– Le conseil a un rôle d’anticipation et de préparation de l’avenir
4. A l’heure actuelle, dans le(s) conseils dont vous êtes administrateur, traite-t-on d’actif humain ?
5. Lorsqu’ils sont traités en conseil, dans quelle instance ces sujets d’actif humain sont-ils évoqués ?
6. Vous semblerait-il souhaitable que les Conseils disposent pour les sujets d’actif humain ?
– D’un bilan social synthétique annuel
– D’un tableau de bord
– D’une cartographie des risques humains
– Des résultats d’enquêtes internes de climat social
– De notations ou de benchmarking externes
– Des résultats d’audits sur le sujet
– De l’appui de la direction des ressources humaines de l’entreprise
– D’un comité spécialisé
– De l’éclairage d’un administrateur spécialisé
7. Quels sont à votre avis pour les années à venir les sujets d’actif humain les plus importants pour les conseils ?
– Les nominations, les rémunérations et la succession des dirigeants
– Les enjeux humains de toute évolution stratégique ou grand projet de l’entreprise
– La maîtrise des risques humains
– La politique d’association des salariés à la performance
– La politique des talents et les compétences clés
– Les engagements pris par l’entreprise dans le domaine humain
– La politique des ressources humaines
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Didier Vuchot et Claire Pedini animent ensuite le débat en proposant à l’assistance d’examiner les réponses des administrateurs à la dernière de ces sept questions. Il ressort les réponses suivantes :
Sont, par ordre décroissant, dans les priorités des Conseils d’administration :
– Les nominations, les rémunérations et les plans de succession des dirigeants
– Les enjeux humains de toute évolution stratégique ou grand projet de l’entreprise (fusion, recentrage stratégique…)
– La politique des talents et les compétences clés (hauts potentiels, experts, métiers…)
– Les engagements de l’entreprise dans le domaine humain (global compact, charte sociale, contrôle de l’application des nouvelles obligations juridiques…)
– La maitrise des risques humains (santé, sécurité, climat social…)
– La politique des ressources humaines dans son ensemble
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Le débat animé ensuite par Jean Noël Fourel met en lumière plusieurs considérations, certaines sont convergentes ; d’autres sont relatives à la surprise des participants face aux réponses des administrateurs ; d’autres enfin, sans faire l’unanimité, ouvrent des pistes qui mériteront d’être explorées :
Une grande convergence de vues :
– Le Conseil doit être davantage impliqué dans les questions humaines de l’entreprise.
– Il doit se borner à jouer un rôle de contrôle et de surveillance sans s’immiscer dans le travail du management. De ce point de vue le Conseil d’administration ne doit pas franchir certaines barrières symboliques, opérationnelles ou légales.
– le Conseil d’administration doit se sentir responsable de la bonne conduite humaine de l’entreprise en mettant ces questions à l’ordre du jour du Conseil au moins une fois par an.
Une surprise :
– Les administrateurs ne placent qu’en 5éme rang de leurs priorités dans le domaine de l’actif humain la question de la maitrise des risques humains. Or l’actif humain est un risque « à moins d’un jour »… De ce point de vue il est sans doute le plus important et le plus immédiat des risques encourus par l’entreprise. Les participants considèrent quant à eux que la cartographie des risques devrait comporter un chapitre actif humain conséquent qui soit régulièrement contrôlé par le Conseil.
Des pistes à explorer :
– se doter d’un comité des ressources humaines à l’instar de ce qui existe dans d’autres domaines (comité d’audit, comité stratégiques, etc.) ;
– avoir au Conseil, un administrateur, spécialiste reconnu des questions de ressources humaines ;
– permettre aux administrateurs d’effectuer des visites in situ pour mieux comprendre l’entreprise ;
– doter le conseil d’un outil d’évaluation des risques humains.
On trouvera ci-dessous, au regard de ces considérations les dix recommandations de L’Institut Français des administrateurs sur le sujet.
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Les 10 recommandations de L’IFA en matière de gouvernance
• La stratégie Ressources Humaines de l’entreprise est présentée régulièrement, au moins une fois tous les deux ans pour ses objectifs et plans d’action, régulièrement en cours d’année pour son état d’avancement. Une attention particulière est portée à la gestion prévisionnelle de l’emploi et des compétences.
• Le Conseil dispose, pour chaque projet stratégique, d’une étude d’impact sur l’actif humain et se tient informé du suivi de sa mise en œuvre et de son évolution.
• Le Conseil s’assure que la cartographie des risques intègre les risques humains significatifs.
• Le conseil est informé de tout élément d’actualité important concernant l’actif humain.
• Le conseil dispose d’indicateurs pertinents pour le suivi de l’actif humain (tableau de bord social). Il est tenu informé des enquêtes de climat interne, des notations externes et d’éléments d’étalonnage concurrentiel (benchmarks) de sociétés comparables.
• Le conseil prépare les plans de successions des dirigeants.
• Le Conseil intègre des objectifs liés à l’actif humain dans le calcul des rémunérations variables des dirigeants et évalue leur performance dans ce domaine.
• Le Conseil développe sa compréhension concrète de l’entreprise (visite de sites, rencontre avec les équipes).
• Le Conseil a des contacts réguliers avec les principaux responsables, (actuels et futurs) de l’entreprise dont dépend l’exécution de la stratégie.
• Le Conseil veille à ce que la charte des valeurs de l’entreprise, qu’il approuve, intègre la prise en compte de l’actif humain.
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