Philippe WattierLe chaos que nous traversons ne se résume pas à une crise qui serait passagère. Nous en avons la conviction après plusieurs mois de réflexion sur le sujet.

Dans  sa violence et dans sa sécheresse il annonce un nouveau monde.

La situation que nous traversons est inédite. Les historiens n’hésitent plus à l’affirmer. Ni la naissance de l’imprimerie, ni la révolution Copernicienne -autres grands moments de progrès scientifiques- n’ont introduit autant de bouleversements. Nous vivons un moment historique ; un état de déséquilibre durable, d’intensité variable -il y aura des surchauffes et des pauses-  aux contours flous, aux conséquences immenses et sans doute incommensurables au moment où nous parlons.

Nous  l’avons ressenti  tout au long de nos travaux de l’année 2013. Ce chaos décrit tout à la fois le vieillissement de l’Etat Providence ; les spasmes de l’économie, les difficultés du système Educatif, le tourment des familles,  l’accablement de la classe moyenne, la rupture de confiance avec les élites, la tentation du populisme, la fin de l’hégémonie de l’Homme blanc occidental, le développement vertigineux des nouvelles technologies…

La mystique du chaos prend tout son sens, d’un désordre naîtra un ordre rédempteur.

Quelques signes çà et là en constituent sans doute les prémices, nos invités, tout au long de cette année, nous en ont esquissé les contours. De nouveaux modes d’échanges de production et de consommations émergent ; l’individu explore de nouveaux chemins :

Pour la première fois depuis qu’elle existe, l’usage de la voiture  diminue ;  on lui préfère la voiture partagée ; des sites de co-voiturage se font jour ;  les voitures lib’ se multiplient dans les villes ; on réserve ses vacances, non plus en s’adressant aux « tours operators » mais aux sites où d’autres usagers partagent leurs informations ; on échange son appartement plutôt que d’aller à l’hôtel, « le couch surfing » fait loi. Le net devient un réseau confiant.

Les salariés ne veulent plus de chefs. Les chefs ne souhaitent plus commander. Le « Work at home » devient une exigence, pour y faire face et parce qu’elles le craignent, les entreprises tentent de proposer  le « Home at work. »

Les étudiants ne veulent plus apprendre dans les livres ou en assistant à des cours académiques, mais en surfant sur la toile. On peut déjà obtenir un diplôme de Harvard gratuitement sur le net.

Les citoyens comprennent qu’ils s’en sortiront seuls. Le 22 octobre dernier ont eu  lieu les premiers Etats Généraux de la transformation citoyenne.

On pourrait poursuivre à l’envi sur ce registre !

« Une idée, un échange, un clavier… »

Dans cette économie émergente, il y a moins de richesse à produire, moins de richesse à consommer, donc plus de richesses à partager. L’usage de biens devient plus important que leur possession. Cette économie du partage va favoriser l’éclosion des micro-entreprises : « une idée, un bien à échanger ; un clavier ; un téléphone portable » suffisent à créer son entreprise. La micro-entreprise remplacera progressivement la multinationale. Ce n’est pas le moindre des paradoxes de la mondialisation.

« La reconquête de soi »

Ce qu’Edgar Morin appelle une « métamorphose » nous frappe de plein fouet.

Y sommes-nous préparés ?

Vraisemblablement non ! C’est le travail qu’il nous reste à entreprendre  pour parachever cet exigeant cycle sur le chaos que nous avons entamé cette année, en essayant de mieux saisir les mécanismes intimes qui nous gouvernent et qui sont autant de résistances et les comportements nouveaux que nous devrions  opérer et qui sont autant de défis.

C’est le sujet de notre prochaine et dernière conférence du cycle sur « la reconquête de soi » qui aura lieu le 20 novembre  prochain.

 

Philippe Wattier – Octobre 2013

 

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