Didier PiteletEvoquer l’idée même d’un leadership de la confiance semble en soi une gageure, tant ces deux mots semblent naturellement faits l’un pour l’autre ; force est pourtant de constater que c’est loin d’être la norme : jamais la défiance n’a été aussi forte à l’égard des élites et des formes d’autorité en générale. Les raisons sont connues : financiarisation à l’extrême, diktat du court terme, désacralisation des élites, rejet de la parole publique…Il est commun de dire et de lire que le monde est en rupture en tout et sur tout, au point de supprimer l’essentiel, la reconnaissance de l’Etre, devenu entité négligeable du macrocosme économique.

Cet hyper-Monde a généré différents monstres tels les organisations matricielles où personne ne sait qui fait quoi, pour qui et comment créant son lot de lâcheté, d’allégeance, d’autoprotection, tels les dirigeants salariés interchangeables animés uniquement par le court terme de leur résultats et un leitmotiv, « après moi le déluge » ou encore, plus récemment, le dernier monstre « à la mode » : le management de l’exécution qui ramène chacun dans une posture d’exécutant du cadre au salarié de base…

Au quotidien, je suis stupéfait de constater comment ces environnements transforment des individus biens sous tous rapports en ETRES DETESTABLES, faisant de par leurs attitudes, le contraire de ce que leur dicterait leur morale et de ce qu’ils doivent surement enseigner à leurs propres enfants : l’honnêteté, l’intégrité, le libre arbitre, le courage, la solidarité, la toléranceIls donnent le sentiment de marcher à coté de leur vie. Résultats : explosion du mal-être, démobilisation, burnout…

Doit-il y avoir pour autant une résignation devant ces constats ? Bien évidemment que non, d’autant que contrairement à ce verre à moitié vide il en existe un à moitié plein qui traduit une autre réalité d’entreprises où les salariés sont heureux, aiment leurs jobs, leur patron et réciproquement. Il ne s’agit pas que de TPE arguant que l’humain ne peut survivre au nombre d’individus mais bien de grands groupes souvent leaders dans leurs secteurs d’activité comme Soparind Bongrain, Michelin, Groupe Flo, GIFI, Truffaut, Grand Marnier… Elles ont toutes en commun d’être discrètes et animées d’une culture qui relève d’une véritable spiritualité d’entreprise. Croire en soi et en l’entreprise fait partie de leur adn. Elles ont aussi en commun une posture qui élève la considération de l’autre, la transmission et l’humilité en priorités. Leur leadership est tout sauf « bling-bling ».

Le leadership de la confiance qui en découle ne se décrète pas mais se vit à plusieurs niveaux :

–        La gouvernance qui habite sa parole, est le garant de l’histoire humaine de l’entreprise, une histoire qui se place sur l’émotionnel et non sur le registre exclusif des tableaux de bord financiers. De ses rêves nait l’horizon qui donne espoir, encourage, motive. Dans la plus part des cas, la gouvernance a su cultiver et développer un esprit entrepreneurial – l’esprit dirigeant de pme- qui inscrit son action dans la durée et non dans l’éphémère.

–        Le management a comme pour première mission la transmission de la culture « les yeux dans les yeux » et non par outils de com interposés. « Etre mon entreprise » fait sens pour toutes les générations des lors que  « je deviens auteur et acteur de son dessein. »

–        Les salariés eux-mêmes qui au-delà d’un métier, d’une rémunération sont les militants du projet de leur entreprise ; lorsque le leadership de la confiance irrigue le corpus, les salariés, cadres comme non cadres, portent avec fierté leur Marque qui devient naturellement leur maillot. La passion du jeu passe par le maillot aussi…

Au final, ce leadership de la confiance est avant tout celui de l’humain ; un leadership porté par des Managers équilibrés cerveaux droit/cerveaux gauche, capables de laisser leur égo au vestiaire au profit de l’intérêt collectif et de verbes à revisiter comme Aimer, Ecouter, Partager ,Entrainer, Créer mais aussi Donner. Le don de soi est l’une des premières richesses du leadership de la confiance. Il est gage de liberté.

 Le leadership de la confiance fait appel à ce que l’homme a de meilleur pour donner le meilleur et espérer obtenir le meilleur ; il valorise la communauté de vies qu’est censée être l’entreprise, en permettant à chacun de se révéler à lui-même. Il valorise l’entreprise en ce qu’elle ne devrait jamais cesser d’être : une aventure humaine.

 Une quête qui donne du sens aux travaux du Cercle.

 

Didier Pitelet – Avril 2013

 

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