Stéphane Morin, Directeur Général de Sportonus pose d’emblée les fondametaux du débat :

Concurrences, Compétitions, Echéances ; ces termes sont communs au monde du sport de haut niveau et à la vie du dirigeant. Pour arriver à son poste le dirigeant a connu la compétition. Celle des examens et des grandes écoles, mais aussi celle des appels d’offres et des marchés à remporter. En permanence, il doit rester au top pour lutter contre la concurrence, devenue omniprésente. Son parcours est réglé par un certain nombre de rendez-vous. Ces échéances sont mensuelles, trimestrielles, annuelles mais elles sont de plus en plus pressantes et stressantes.

Dans ces conditions, le dirigeant est soumis en permanence à des contraintes de plus en plus fortes. Avec l’évolution des nouvelles technologies, les contraintes sont multiples. Au bureau bien sûr, mais aussi à la maison à travers l’Internet et les téléphones portables. Cette hyper sollicitation va entraîner un certain nombre de problématiques : stress, fatigue, gestion des temps forts et des temps faibles, surpoids…

Or le dirigeant oublie trop souvent que si l’ensemble du Corps ne suit pas, tout peut vaciller !

Effectivement deux points essentiels sont à prendreen considération  dans le monde sportif pour améliorer nos performances :

Tout d’abord la notion de prévention. Il faut travailler en amont pour éviter les coups de pompes, les saturations et le stress. Comme les sportifs, il faut savoir mieux se préparer et mieux récupérer.

Ensuite il faut bien comprendre que le corps est un tout et que l’on ne peut pas séparer le mental, l’émotionnel et le physique. Si nous les représentons comme 3 batteries en interrelation les unes avec les autres au cours de la journée, n’oublions pas que nous ne valons que la batterie la plus faible !!!

Cette conférence est destinée à nous permettre d’éprouver les méthodes qu’utilisent ces autres champions que sont les sportifs de haut niveau et de montrer qu’en définitive, elles devraient s’appliquer aussi aux dirigeants car l’activité physique et la prise de conscience de son Corps sont deux armes que le manager doit pouvoir mobiliser pour améliorer son bien-être et par suite, ses performances.

 

Préparation, Action, Récupération

 

 

Jean-Claude Perrin, ancien entraîneur National défend ce principe. Les sportifs de haut niveau appliquent tous ces trois règles simples. Ils sont tenus de donner le meilleur d’eux-mêmes en un temps généralement très court. Ce temps -celui de l’action- au cours duquel le geste sportif doit confiner à l’excellence, est toujours précédé d’une importante période de préparation ; il est systématiquement suivie d’une intense phase de récupération.

Il ne viendrait pas à l’idée d’un marathonien d’aller faire une partie de tennis la veille de son épreuve, ni de s’adonner à une sortie en vélo le lendemain. Non, la veille il se repose, il se concentre, il se prépare et le lendemain, il fait des exercices de relaxation et de récupération, il s’alimente, se réhydrate et se repose à nouveau.

Imaginons qu’un chef d’entreprise fasse de même, que la veille d’une échéance importante, il s’évade et se prépare au vert et que le lendemain il prenne une journée off pour récupérer ! Il passerait inévitablement pour un dilettante ! La différence essentielle tient à ce que le temps de l’action en entreprise est beaucoup moins concentré qu’il ne l’est pour un sportif. La veille d’une échéance importante il y en généralement une autre et le lendemain il en va de même.

Si tout n’est pas transposable au monde de l’entreprise, que pouvons-nous retenir de ce principe ? Le débat met en exergue une multitude de pistes intéressantes que des participants ont pu expérimenter avec succès et qu’ils ont partagées avec l’assistance.

On peut citer :

• des micro-espaces de préparation mentale. Cela consiste à s’isoler quelques minutes avant une échéance importante pour visualiser un résultat positif. Cela ne prend que peu de temps et se révèle très efficace au prix d’un réel effort de concentration.

• des ruptures de rythme systématiques, même très brefs, entre deux actions importantes : une pause café, une discussion à bâtons rompus avec un collaborateur, une conversation téléphonique détendue, une lecture,Dans certains cas -lors de trajet par exemple- une micro sieste, etc. Ces séquencements sont de véritables brûleurs de stress.

• dans un ordre d’idée proche, un planning précis des séquences de la journée est recherché par beaucoup. Rien de plus stressant qu’un emploi du temps non maitrisé. Les hauts dirigeants sont en général les personnes les plus ponctuelles de l’entreprise car leurs rendez-vous sont minutés et planifiés. La préparation du planning est un incontestablement un acte de prévention éfficace

• les mini récompenses. Elles sont une mode de récupération particulièrement efficace. Après une échéance réussie, on s’octroie une phase de récompense, un pot avec les collaborateurs, une soirée en famille, un spectacle, un match de tennis, un bridge… peu importe, on se libère quelques heures pour recharger les accus et savourer le plaisir d’un succès.

 

En définitive, le tryptique « préparation, action, récupération » peut parfaitement s’appliquer au dirigeant. La différence tient à ce que dans son cas, à l’inverse du sportif, c’est le temps de l’action qui est long et ceux de la préparation et de la récupération qui sont courts… c’est pourquoi ces deux phases doivent être particulièrement soignées et intenses.

Par contre insiste, Jean- Claude Perrin, les fondamentaux sont les mêmes dans les deux cas : sommeil et hygiène de vie…

 

Respiration, relaxation et visualisation positive

 

 

Annette Sergent, sophrologue et ancienne championne de cross country insiste quant à elle sur les postures physiques et mentales. Leur respect permet une libération du corps et de l’esprit.

Tout commence par une maitrise de la respiration. En partant du principe évident que l’air (l’oxygène) est la chose la plus vitale, donc la plus précieuse pour l’équilibre du corps. L’oxygène irrigue l’ensemble du corps en transportant le sang, il relâche les muscles et par suite les tensions, lui procurant un bien-être instantané.

La respiration guide tout l’équilibre corporel. Sous l’effet d’une émotion, d’un stress, d’une fatigue… elle devient courte, hachée, parfois pénible et tout notre bien-être immédiat s’en trouve altéré.

La maîtrise de la respiration passe par des exercices généralement très simples consistant à respirer de manière abdominale, profonde, lente pour retrouver un rythme apaisé. A l’instar du sportif qui s’y adonne de façon régulière et qui inclut cet élément dans sa routine, le dirigeant devrait se prêter à des exercices respiratoires en permanence dans l’exercice de sa fonction. Cet exercice ne prend que quelques secondes, il est pratiquement imperceptible pour l’œil extérieur et peut s’effectuer très facilement, très discrètement, même en public.

Cet exercice en situation, sera facilité par une pratique sportive régulière, comme la marche par exemple, car les reflexes de respiration lente se déclencheront ainsi plus spontanément et naturellement face à toute situation de tensions, si le corps est déjà préparé.

A l’inverse une nourriture trop abondante, l’alcool, le tabac sont des bloqueurs respiratoires.

Par un exercice en séance Annette Sergent nous a donné à éprouver le bienfait instantané sur le rythme cardiaque et sur le bien-être général d’une respiration abdominale profonde.

En second lieu, la relaxation constitue un facteur d’équilibre, d’apaisement du corps et de performance. Un simple exercice nous permet de constater que nous entretenons par de mauvaises postures, de multiples tensions corporelles qui sont sources d’autant de blocages psychiques et mentaux. Pour le dirigeant comme pour le sportif le relâchement musculaire est indispensable

Il est le fondement du geste sportif réussi : sans relâchement total, aucune performance n’est possible. Il suffit de regarder deux athlètes courir un 100 mètres pour comprendre que celui qui est le plus relâché, aura la gestuelle la plus déliée et finira par l’emporter.

Le dirigeant peut aisément pratiquer ces exercices de relaxation, même en situation de travail en s’obligeant à des exercices de relâchement de la chaine musculaire. Les principales tensions se situent en général au niveau des épaules, qui sont trop hautes et qui bloquent ainsi l’ensemble du corps. C’est donc par un relâchement total des épaules, des muscles du visage, qu’il faut commencer. L’effet sur la chaine abdominale, le bassin, les jambes, sera immédiat. Une bonne assise et une bonne posture, droites et bien ancrées au sol, faciliteront ce relâchement.

En troisième lieu, une bonne maitrise mentale passe par des exercices de visualisation positive. Ils consistent à imaginer à l’avance que le résultat de son geste ou de son action va être réussi. Les golfeurs sont les maîtres de cette discipline. Ils visualisent mentalement avant leur geste, la trajectoire idéale de leur balle, en imprègne leur esprit et par suite, leur gestuelle est guidée par cette représentation positive.

En situation de travail il est tout aussi capital avant une échéance importante d’imaginer le résultat positif que l’on souhaite obtenir, plutôt que de se contraindre à imaginer les possibilités de l’échec. En situation, le doute ou la crainte ne sont plus de rigueur et doivent céder la place au plaisir annoncé de la réussite.

 

Gestion des temps forts, gestion des temps faibles

 

 

Christophe Deslandes qui dirige les équipes commerciales d’un grand operateur Informatique et qui fut un champion de rugby insiste sur la maitrise de ce qu’il appelle la gestion des temps forts et des temps faibles.

Au cours d’un match de rugby, le défi physique est tel qu’une équipe -même si elle est dominante- ne peut tenir le rythme optimal pendant 80 minutes. Elle a besoin de temps à autres de souffler, de se replier et de récupérer pour mieux repartir. Elle passe par des temps forts : la conquête, l’attaque et par des temps faibles, le repli, la défense.

Tout l’art consiste à bien identifier dans quelle phase on se trouve pour actionner les bons comportements et les bons leviers. Les meilleures équipes savent marquer pendant les temps forts et ne pas encaisser pendant les temps faibles.

La discussion qui s’ensuit confirme que les dirigeants se trouvent fréquemment dans ces deux situations. Une méthode facilement utilisable consiste à se demander a l’occasion de chaque action que l’on entreprend si l’on est plutôt en phase d’attaque ou en phase de défense. Dans le premier cas, on mettra en ouvre des stratégies de conquête de persuasion, de volontarisme, de prise de risques, voire d’agressivité dans le bon sens du terme. Dans le second cas, on mettra l’accent sue la nécessite de concilier, d’aider, de soutenir, d’apporter de l’harmonie ou encore d’adopter des comportements prudentiels.
Dans un ordre d’idée proche il faut aussi, dans l’exercice de son métier, appréhender ses propres biorythmes. Chaque individu a au cours de la journée des périodes hautes et des périodes basses. Il faut à cet égard dans la mesure on l’on en est maître, établir son propre planning en fonction de ce que l’on connait de soi : placer une réunion ou l’on doit être offensif au creux de son propre biorythme peut se révéler désastreux. A ’inverse s’acharner à rédiger une note difficile à un moment où l’on n’est pas en phase de créativité peut faire perdre un temps considérable. Chacun a éprouvé cela mais n’en titre pas toujours les leçons. La pratique d’un sport révèle de manière assez claire comment notre corps et par conséquent notre mental réagissent selon les heures de la journée.

Christophe Deslandes, en bon compétiteur, insiste égalemen tsur  l’esprit de compétition et de passion qui devrait animer les dirigeants, comme il dirige les sportifs. Cette considération provoque un débat intéressant et contradictoire parmi l’assistance (voir sur ce point l’édito sur le site à la rubrique éponyme).

Il en ressort notamment que si l’entreprise est un lieu de compétition, elle ne doit pas nécessairement être composée que de compétiteurs, ce qui serait éminemment conflictuel. Elle doit aussi miser sur d’autres types de comportements, plus empathiques, plus en nuance, plus ensoutien, qui sont utiles a l’harmonie générale.Eelle doit aussi ne pas se tromper de cible : la compétition vis à vis de la concurrence est positive ; la compétition interne peut se révèler affligeante.

Passion et engagement ne riment pas nécessairement avec compétition dans le monde plus complexe de l’entreprise.

 

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