Michèle Ferrebeuf

Comme dirait un chanteur à succès nous vivons une époque formidable …

Les économistes et les politiques s’accordent à dire qu’il faut relancer la consommation, pilier de la croissance sinon nous allons dans le mur !

Alors tous les moyens sont bons …

Ton IPhone 4 rame un peu, pas grave le 5 est arrivé et le 6 est déjà programmé …cet été c’est le mondial de foot, alors cours vite t’offrir le nouvel écran plat 3D made in France, si tu veux des Nike Air dernière génération GPS intégré profite du déstockage de ton site de e-commerce favori etc…

Le haut débit de la consommation débridée est devenu le fondement et le graal de notre système économique avec une promesse de PCT (plaisir à court terme) à la clé, personne n’y échappe !

La ménagère de plus de 50 ans dirait de manière fataliste : c’est le progrès !

Mais nous savons bien que ce progrès-là est une illusion, une addiction…on se lève de table et on a déjà faim.

Ne soyons pas hypocrites, il est difficile de ne pas se laisser tenter par toutes les gourmandises éphémères qui pansent les bobos provoqués par une certaine deshumanisation de notre société.

Alors devons-nous cracher sur le système qui continue de nous nourrir ?

C’est le modèle économique qu’on nous a enseigné dans nos business schools, celui qui a fait le bonheur des baby-boomers, celui qui repose aujourd’hui sur une nostalgie douloureuse qui nous fait courir après ce fantasme de croissance.

De manière inconsciente nous avons basculé vers un monde en mal de sens où la fin justifie les moyens tandis qu’inexorablement la page se tourne.

Et les entreprises ? Ont-elles vraiment le choix ? Telles des abeilles, elles doivent produire, toujours plus …vendre, se développer, créer des emplois pour répondre à la survie de Dieu Croissance.

Mais la croissance pour qui ? Pourquoi ? Est-elle possible pour nous européens avec un euro si haut depuis plus d’une décennie qui sert les intérêts d’un dollar bas, une démographie en panne de sang neuf, une Europe qui a du mal à s’accepter ?

Nous sommes donc en pleine contradiction …nous devons pousser à fonds un vieux bolide fatigué qui s’essouffle pour une cause qui se délite.

Nous avons raison d’ouvrir le débat sur la formation de ceux qui vont tenir les rênes de l’économie et des institutions de demain. Tout est lié. Nos futurs chefs d’entreprise comme nos politiques de demain peuvent-ils continuer à mettre tout leur génie au service de solutions qui permettront de produire encore plus pour jeter plus ?

Il est temps de faire une pause pour eux et avec eux, de réfléchir comment l’entreprise de demain pourrait initier les conditions d’un système vertueux et être un catalyseur d’idées et de pratiques nouvelles.

Nous ne sommes pas dans une société en manque d’intelligence mais dans une société en manque de repères et peut être en manque de courage et d’éthique.

Je ne suis pas inquiète sur l’aptitude du système éducatif à muter, il a démontré depuis plusieurs générations qu’il savait évoluer, s’adapter, il continuera de générer des leaders efficaces et visionnaires pour nos entreprises.

Je suis beaucoup plus inquiète sur les valeurs qui vont être leur moteur.

Produit national brut ou bonheur national brut ?

Lorsqu’on évoque ce type de sujet on donne peut être le sentiment d’être un idéaliste détaché des réalités mais le problème est peut-être là …le monde ancien est sous prozac car il ne se réinvente plus.

Toute la chaine de formation doit se réformer pour permettre aux jeunes de ne pas avoir peur d’affronter les enjeux nouveaux. Pour cela un grand travail sur le sociétal et le développement personnel doit être fait, cela veut dire apprendre à mieux se connaître, mieux s’écouter, développer son esprit critique, prendre du recul sur les situations et mettre la quête de sens au centre du système …l’avenir n’a pas besoin de clones mais de personnalités créatives, engagées et responsables.

….pour que le PNB soit enfin au service du BNB !

 

Michèle Ferrebeuf –  Executive Vice President Europe de McCann Worldgroup, Mai 2014

 

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