Catherine Thomas-EtienneAu moment où le Cercle inaugure ses travaux relatifs au(x) Sens, je suis heureuse de partager avec vous un petit billet d’humeur.
Oeuvrant pour une communication cohérente et porteuse de sens depuis de longues années, il me semble que cette fonction – plus ou moins mature selon les secteurs, parfois décriée – doit se trouver au coeur des réflexions sur la vision et les missions d’une entreprise. 
Comme toutes les fonctions du Codir ou du Comex me direz-vous. Et vous aurez bien raison. 
Néanmoins, une communication professionnelle, vraie et construite sur le long terme, permettra de donner à la marque et à l’entreprise une voix et un cadre de partage unique et ô combien valorisant. Et ce, pour les collaborateurs comme pour les clients.
Je suis sûre que vous partagez cette certitude : la fonction communication ne doit pas être négligée. 
Elle est indispensable pour faire connaitre votre stratégie d’entreprise… et lui donner du sens.
Bonne lecture !

Dites à ma mère que je suis DirCom et que c’est sérieux. Merci. (26/01/2017)

Libé

Petit moment d’amusement, d’attendrissement et… gros agacement ce matin, en lisant le Portrait de Libé. Pour mémoire, cette rubrique figure en der du journal Libération et a été créée pour mettre en lumière des femmes et des hommes de tous horizons, moins connus du grand public que les personnalités abonnées aux Unes des journaux.

Bref. Le Portrait de ce matin devait nous faire mieux connaître Gaspard Gantzer, le DirCom de l’Elysée.

J’ai donc d’abord été amusée par le ton général de l’article, un brin sarcastique mais pas trop. Le but n’est pas de tirer à vue, on a bien compris.

De l’humour, bien sûr. La tradition tient bon : il y a une fête de la galette au Château. Mais « ce n’est pas ici que le prochain Roi va être tiré ». Ah, ah, ah. Et une référence littéraire, un peu facile, « en attendant la décision de Godot », pour illustrer l’état d’âme du dépeint, juste avant l’annonce de non-candidature du Président. Bien.

En entrant dans le vif du sujet, la plume se fait plus empathique et tendre et l’on comprend que Gaspard est « jeune » (37 ans, vous pensez !), d’une « fidélité touchante », qu’il buvait des bières avec Macron, Vallaud (le mari de) et Proto. Des « jeunes gens » en route vers le pouvoir (Entre garçons. Pas de filles à l’ENA ?). Une « génération éduquée mais décoincée », qui « ne critique pas le mode de vie d’Amy Winehouse » (sic) et « attachée à la fête », d’après le portraituré du jour. C’est chouette, la jeunesse, quand même.

Et, patatras ! Là où j’avais entamé une lecture en diagonale, thé à la main, au milieu du stress matinal d’une famille française moyenne (j’ai failli écrire normale), je prends le scud dans l’œil droit. Parlant de son parcours, Gaspard (il est jeune et il fait la fête, on peut l’appeler par son prénom, non ?) raconte : « Quand j’ai dit à ceux de l’ENA que je partais travailler avec lui (Christophe Girard, adjoint à la culture de Paris), c’est comme si je leur annonçais que j’ouvrais un bar aux Bahamas. Et quand je suis allé à la com de Delanoë en 2010, là c’était pêcheur en Alaska. De la com… un énarque… ».

Vous voyez où je veux en venir ?

De deux choses l’une. Soit, modestement, il reconnaît par cette phrase, son manque de formation et d’expérience pour cette fonction et je dis chapeau ! En effet, un énarque à la communication, il fallait y penser… Mais bon, il sont bosseurs, ont réussi un concours difficile, ne sont pas plus sots que d’autres qui ont très bien réussi dans cette voie et ils peuvent apprendre vite, les énarques.

Soit… une petite voix me dit que c’est plutôt l’inverse qui serait sous-entendu. Et que la fonction communication ne serait pas assez noble pour un énarque.

Et, vous l’aurez compris, c’est ici qu’a commencé mon gros agacement.

Même si Gaspard avoue son amour pour la fonction « poste le plus important, celui où on est le plus près de la population », c’est quand même dommage de la comparer à la pêche en Alaska… qui doit être bien plus difficile encore !

La communication est à la fois un sport d’endurance et de réflexes. On ne dira pas assez les heures passées à réfléchir, écrire, relire, penser aux moindres détails, gérer les agences, les équipes, pour faire comprendre et donner du sens à la stratégie d’une entreprise ou d’une personnalité politique. Je n’ose imaginer (en fait, j’imagine très bien justement) l’immense difficulté de la tâche quand il s’agit de mettre en musique la communication du Président de notre République. Chaque détail compte et 1.000 belles actions, porteuses de bons messages, peuvent être balayées par quelques mots, un silence, un raté, un soupçon, un écart de conduite.

C’est un vrai métier. Il s’apprend, se travaille et l’expérience est sans cesse mise à mal, mais s’enrichit également, par l’évolution de la société et le développement des NTIC. Des femmes et des hommes le pratiquent au quotidien dans notre pays et savourent la satisfaction d’une belle campagne cohérente, en phase avec la marque, le produit. Sont heureux lorsque la parole du dirigeant est comprise, correctement mise en valeur. Et se rongent les ongles lorsque les internautes se déchainent sur un fail : photo ratée, discours à côté de la plaque, logo massacré,…

Mais ça, Gaspard le sait. Il ne dit rien d’autre lorsqu’il affirme « qu’est-ce qui est plus important pour Apple que ce que les gens pensent d’Apple ? »

Alors, non Gaspard, la photo officielle du Président n’est pas « belle (…) quand même ». Elle est moche. C’est l’expérience qui le dit. Mais oui, la keynote du Bourget, elle, était réussie. Mais ça, c’était avant…