Le rapport que vient de publier le « National Intelligence Service »  sur les « global trends » à l’horizon 2030 mérite d’être lu

[1]. Il explore de nombreux thèmes qui vont rapidement s’imposer à nous comme des thèmes d’évidences. Il s’attache à projeter dans l’avenir l’état actuel du Monde, d’en drainer l’évolution en précisant bien toutefois que les « Megatrends » dont l’occurrence paraît inéluctable peuvent être déjoués par des  « Game changers » dont les trajectoires restent variables selon les décisions qui seront prises par les hommes.

Des tendances lourdes…

A l’horizon 2030, le NIC identifie quatre grandes tendances -« les mégatrends »- qui structureront le système international : la libération de l’individu (individual empowerment), la démographie, la dispersion de la puissance (diffusion of power), les problématiques d’énergie, d’eau et d’alimentation.

  • La libération de l’individu : Le XIXème siècle a vu l’avènement des nations, le XXème siècle celui des classes sociales, le XXIème sera marqué par la libération des individus essentiellement sous l’effet de la globalisation de l’économie, de la croissance rapide des pays émergents et du développement exponentiel des Nouvelles technologies, celles de la communication que nous connaissons déjà, mais également celles qui vont décupler l’énergie humaine.
  • La démographie : nous serons 8,3 milliards en 2030, contre 7,1  en 2012 et …1,5 au début du XXème siècle. Les nations jeunes –dites émergentes– bénéficieront d’un dividende de croissance tandis que les pays de l’OCDE dont l’âge moyen dépassera 45 ans contre 38 aujourd’hui, lutteront pour préserver leur niveau de vie. Le monde deviendra urbain : 60 % de la population mondiale vivra dans des mégapoles ; enfin les migrations continueront de s’intensifier, affectant la cohésion sociale et favorisant les courants politiques populistes.
  • la dispersion de la puissance : le déclin de l’empire Occidental s’affirmera. Aucune grande nation occidentale ne sera plus hégémonique y compris les Etats-Unis ;  l’Asie aura supplanté l’Europe et les Etats-Unis réunis en terme de PIB ; la Chine sera la première puissance mondiale. L’Inde sera ce qu’est la Chine aujourd’hui ; Le Brésil deviendra le colosse de l’Amérique.
  • Les problématiques d’énergie, d’eau et d’alimentation : sous l’effet des modifications climatiques, de la croissance démographique et de la montée en puissance des classes moyennes souhaitant leur « part de consommation », l’écosystème humain sera bouleversé. La demande en eau et en énergie va croître de 50 % et celle de nourriture d’au moins 35 % d’ici 2030. La moitié de la population mondiale, soit plus de 4 milliards  d’habitants vivra dans des zones où l’alimentation en eau sera insuffisante. parallèlement les régions humides deviendront plus humides et les régions sèches, plus sèches. Les catastrophes naturelles s’intensifieront.

…mais des marges de manœuvre

S’il n’est guère optimiste, ce rapport pose néanmoins comme hypothèse que l’Homme est à un moment critique de son histoire, car il n’a jamais eu autant de choix à faire pour son avenir. L’impact de l’une ou l’autre de ces tendances peut être altéré par des « Game changers », (des variables clés), parmi lesquelles l’économie et la gouvernance mondiales, les conflits armés, la technologie et, de façon décisive, le rôle des Etats et des individus.

Ce point est crucial, c’est un encouragement à vaincre nos résistances et notre aversion au changement. En serons-nous capables, ou selon la formule de John Maynar Keynes « the idea of the future being so different from the present is so repugnant to our conventional modes of tought and behaviour that we, most of us, offer a great resistance to acting on it in practice », nous réfugierons-nous dans nos frilosités ?

C’est tout l’enjeu, et c’est un enjeu de leadership. Les Politiques seuls, englués dans les déficits publics, prisonniers de leurs électorats n’y parviendront pas seuls. N’est pas Churchill qui veut ! Les dirigeants devront s’engager. Les populations devront l’accepter.

La vocation du Cercle du leadership n’est pas de repenser le Monde, bien entendu, elle est plus modestement d’amener chacun de ses membres à se donner les moyens d’être un moteur de changement et de pouvoir ainsi embarquer ses équipes vers ce monde nouveau qui nous attend. Le cycle de réflexion de 2013 que nous entamerons dans quelques semaines s’inscrira dans cette logique.

Bonne année à toutes, à tous !

 

Philippe Wattier – Décembre 2012

 

 

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[1] “Global trends 2030- Alternative Wolds”, a publication of the National Intelligence Service