Certaines évidences sont telles qu’elles peuvent devenir les labels d’une langue de bois établie permettant de se draper dans la vertu des beaux sentiments. Au moment où il  n’a jamais été aussi important pour l’avenir des entreprises de redonner de la puissance et des moyens aux relations humaines, la mode du moment s’oriente vers le bonheur et la qualité de vie au travail !

Avec près de deux millions de jeunes exclus du système qui ne sont ni à l’école, ni en formation, ni en emploi (Ministère du Travail – juin 2014), un chômage record, un pouvoir d’achat en berne, une explosion du stress et du burn out au travail… La mode serait au bonheur selon les spécialistes !

De qui se moque-t-on ?

La France est le pays où les acquis sociaux sont parmi les plus élevés allant jusqu’à créer une fracture inédite et indécente entre les grands groupes qui les cumulent comme de vrais somnifères, garants de la paix sociale, et les TPE/PME en survivance pour préserver leur emplois. Il faudrait, en écho au mal être général, réinventer le bonheur au nom de l’entreprise.

Apres être tombée dans le piège caricatural du business partner, la DRH est donc destinée à devenir Sainte RH, prodiguant ses bienfaits à ses brebis plongées dans le désespoir , le tout sous la tutelle de directions générales en quête d’adhésion de leurs salariés!

Zola et Germinal, du moins en France, c’est terminé depuis longtemps !

Le vrai mal-être au travail, tout le monde le sait, est du domaine de la considération, de la reconnaissance et du sens au travail. Jamais, les cadres comme les non cadres ne se sont sentis si peu considérés, si peu aimés dans leur entreprise.

Arrêtons la tartufferie Google et « autres boîtes clichées à l’américaine » qui voudraient nous faire croire que parce qu’il y a un babyfoot et une salle de sport, les employés sont heureux au boulot ! Le vrai défi du bien-être est bien celui d’une union sacrée, qu’est ou pas capable, de créer une équipe dirigeante, chaque entreprise étant par définition un écosystème unique !

La crise sociale actuelle est l’échec des trente dernières années d’inconsistance managériale et du cynisme financier qui ont foulé du pied les fondamentaux de la culture d’entreprise, de la solidarité et du « faire ensemble », aboutissant au sacre du chacun pour soi, à commencer par les dirigeants eux-mêmes, pour beaucoup, véritables mercenaires des marchés financiers!

Avant de brandir les slogans à la mode, agissons sur l’origine du mal qui ronge la plupart des entreprises : le syndrome du toujours plus.

Toujours plus de résultats, y compris en pleine crise économique ce qui est synonyme de licenciements, toujours plus de vitesse au détriment de la réflexion et du temps humain, toujours plus de matriciel pour déresponsabiliser au maximum…

DIS-MOI QUI EST TON DRH, JE TE DIRAI QUEL PRESIDENT TU ES !

La fonction RH ne doit pas devenir le camelot du rêve d’entreprise et les modèles de management des miroirs grossissants de l’égoïsme ; la gouvernance des entreprises à un devoir moral, un devoir de transparence et d’éthique. Son rôle est de créer les conditions optimales de la performance et non de se soumettre aux injonctions économiques seules. Ses leviers et ses outils pour bâtir sont la motivation, l’adhésion, l’enthousiasme.

Les êtres humains qu’elle est censée animer ne feront aucun chèque en blanc aux beaux discours et aux belles promesses. Le bien-être au travail commence par en avoir un ! Le bonheur au travail commence par être considéré comme Etre Humain par sa hiérarchie ! La RSE c’est avant  tout la RESPONSABILITE DU SENS EN ENTREPRISE !

Dans la majeure partie des entreprises du CAC 40, toujours citées en exemple comme il se doit par les médias, entre 80 et 90 % des salariés sont confiants en l’avenir de leur groupe mais 50% en moyenne déclarent ne pas comprendre leur stratégie. La soupe est bonne, mais je ne sais pas où on va !

La schizophrénie est l’un des dangers majeurs des années à venir ; avec elle, la démobilisation  et la méfiance croissantes des troupes ; c’est un fait avéré par toutes les études disponibles en place publique ! Les jeunes diplômés qui sont plus de 75% à déclarer vouloir quitter la France ne s’y trompent pas, plaçant juste derrière les questions de chômage, le manque de reconnaissance des entreprises dans leur motivation au départ (source Challenges – juin 2014).

Plutôt que d’entretenir les mirages et de surfer sur les modes, les Chefs d’entreprises (les vrais) et avec eux ,la fonction RH peuvent et doivent se saisir du drame de l’époque pour le transformer en espoir pour demain. Eux seuls sont censés réhabiliter du courage humain dans l’entreprise ; seule une DRH solide peut allier sociologie, markéting et business au nom de la performance de l’entreprise, bien sûr.

Elle seule peut aider à faire émerger de nouveaux leaders, équilibrés cerveau droit, cerveau gauche !

LE BIEN ETRE EN ENTREPRISE N’EST PAS UN SUJET EN SOI, C’EST LE MIROIR DU FIASCO MANAGERIAL DE L’EPOQUE.

Au moment où se joue une révolution sociologique inédite via le numérique, où une nouvelle espèce d’êtres humains – les mutants / la génération Z – va arriver sur le marché d’ici 4/5 ans, l’entreprise traditionnelle est en péril et mise en demeure de se réinventer : plus transversale, plus collaborative, plus généreuse aussi ! Mais ce n’est pas avec des modes qu’elle y arrivera mais en puissant dans ses racines, son Adn. Se réinventer c’est se débarrasser de ses fardeaux au profit d’une identité meilleure à assumer.

IL REVIENT AUX LEADERS D’ETRE EN PREMIERE LIGNE POUR REINVENTER L’ENTREPRISE EN AVENTURE HUMAINE !

Des modèles existent ; ils ne font pas la une des journaux et sont rarement assujettis au dogme de l’hyper finance : ce sont ces milliers d’entreprises et de groupes familiaux pour qui, un salarié est avant tout un partenaire pour lequel avoir de la considération est un principe génétique ; ces entreprises, dont la raison d’être est la transmission, inscrivent naturellement l’action dans la durée. LA SEULE MODE QU’ELLES REVENDIQUENT COMME INTENGIBLE C’EST LA PROTECTION DE LEUR CULTURE COMME DIFFERENCE INIMITABLE et un pacte de confiance entre salarié/employeur. Il est intéressant d’observer leur comportement par temps de crise économique, ce sont rarement les premières à choisir d’emblée de licencier pour alléger les charges, elles préfèrent piocher dans les réserves et le cash accumulés pour les coups dur !

Même si aucun modèle n’est parfait en soi, celles et ceux qui sont tentés par les slogans du bien-être au travail, seraient bien inspirés de « benchmarker » ces entreprises où il est fréquent de croiser des salariés qui revendiquent le droit à la fidélité et qui sont heureux pour de vrais !

LES LEADERS D’AUJOURD’HUI SONT DEVANT LEUR RESPONSABILITE : DEVENIR LES PATRONS HUMAINS QU’ILS PRETENDENT ETRE. Il y a du monde pour les suivre…

 

Didier Pitelet – Juillet 2014

 

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