Le digital -encore lui- a modifié tant de choses dans nos vies et dans nos métiers, qu’il faudrait un Prévert pour en faire l’inventaire. Parmi toutes ces choses, notre conférence du 2 juillet a mis en évidence un phénomène sans doute plus sournois que nombre d’autres : les personnes influentes ne seraient plus celles que l’on croit et les réseaux professionnels qu’elles constituent ne seraient plus que des résidus inutiles de feu l’ancienne économie !
L’idée présentée par Jean-Pierre Villaret selon laquelle les Cercles, Clubs ou autres réseaux professionnels fermés contribuent à l’immobilisme des entreprises françaises, à la protection d’un esprit de caste, à la confiscation des idées par une élite dépassée par les salariés, les consommateurs les internautes réunis…, ne peut laisser totalement insensible.
Séduisante aussi l’idée que les hommes et femmes doivent se regrouper non plus en fonction de leur appartenance à une catégorie déterminée, mais en fonction de leur capacité à participer à des projets ; non plus de façon pérenne, mais de manière éphémère ; non plus sur des certitudes, mais sur des concepts disruptifs.
Notre cycle 2015 sur « l’économie du partage » ne nous enseigne-t-il pas que c’est dans l’échange, le management collaboratif, l’organisation plate, l’écoute de toutes les parties prenantes que les décisions aujourd’hui se prennent et que se fondent les réussites ?
Alors y-a-t-il seulement une place pour un Cercle comme le nôtre dans ce nouveau paysage ?
J’ai envie de défendre l’idée que oui, car le Cercle du leadership ne me paraît pas s’inscrire dans cet esprit de fermeture identifié par nos contradicteurs d’un soir. N’avons-nous pas dès la première conférence du Cercle -c’était le 19 février 2009- jeté les bases de ce qui constitue encore nos fondations en mettant à l’ordre du jour le thème de «l’inclusion » ? Peu en parlait à l’époque !
Nous la définissions deux ans plus tard de manière très large comme « la capacité à injecter du sang neuf et du sang différent dans l’organisation, mais aussi et surtout par la capacité à favoriser la diversité sous toutes ses formes, à développer des concepts novateurs, à accueillir l’incertain » (in «les 7 clés du leadership » ouvrage du Cercle, janvier 2011, éd de l’Archipel). Dans ce même ouvrage nous évoquions la nécessaire résilience des dirigeants- là personne n’en parlait- la capacité à relier les disciplines, les cultures, les générations, à être sociétal … bref, les bases étaient là.
Nous avons essayé, depuis, d’être fidèles à ces principes dans notre fonctionnement-même en ouvrant le Cercle à toutes les fonctions et en misant sur une absolue mixité. Nous avons également essayé de porter une parole éclairante sur les évolutions de nos entreprises et, par suite, sur la manière dont nous exerçons notre leadership.
Peut-être ! Répond le «nouvel influenceur», mais cela ne suffit pas, car vous ne maîtrisez pas l’art de communiquer vos idées ou de les transmettre , donc de peser sur vos pairs et sur votre environnement.
Et il a raison, même s’il faut rappeler que ce choix de discrétion était à l’origine volontaire.
Alors Oui, le Cercle doit aujourd’hui se régénérer, pousser plus loin sa réflexion, la faire connaitre, développer son influence par des outils de communication qu’il n’utilise pas assez, s’ouvrir au monde, être un laboratoire d’idées, transmettre et/ou permettre, coller à l’actu quitte à s’organiser en structures déformables et pourquoi pas éphémères, au gré des sujets… A ce prix et s’il conserve ce qui fait sa force, il a son rôle à jouer car même -et peut-être surtout- au temps du digital, nous avons tous besoin de nous réunir, de nous voir, de nous parler, de nous sourire, et même… de nous engueuler, en partageant nos expériences.
Sous l’impulsion de son Conseil et de l’ensemble de ses membres, le Cercle doit évoluer dans ce sens. Une nouvelle équipe de Direction va se mettre en place. Avec votre concours elle doit relever ce défi.
Intervenez et participez à ce débat, ce blog est là pour ça.
Je vous souhaite un bel été.
Philippe Wattier
Le 4 juillet 2015
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