Pascal Gayet

Le management biologique

Par Pascal Gayet et Jacques Grizeaud
in Octavo Editions

Longtemps chercheur chez EDF, Pascal Gayet découvre progressivement l’importance de la réflexion collective dans le succès de ses entreprises au point qu’il décide d’y consacrer toute son énergie. Depuis lors il accompagne les entreprises dans la conduite de leur projets humains.

Le management biologique ou l’entreprise face aux défis du vivant  est le fruit de toute une carrière d’expériences et de réflexion.

Le cercle du leadership a voulu en savoir plus :

Le Cercle du leadership : On comprend que le management biologique est un management vivant.  Comment pourriez-vous le définir en quelques mots ?

Pascal Gayet : Le management biologique considère l’entreprise comme un système vivant, un organisme biologique qui s’adapte à son environnement. A l’image du corps humain, l’entreprise est constituée de cellules indépendantes qui ont chacune leur organisation et leur fonction propres qui concourent toutes ensemble au développement harmonieux et à la survie de l’organisme. Chaque cellule échange avec les autres cellules matière, énergie et information. L’entreprise est un système vivant composé de cellules intelligentes et autonomes : les hommes.

Le Cdl : En quoi ce type de management est-il nouveau dans l’entreprise ?

Pascal Gayet: Il est nouveau dans le sens qu’il remet en question les structures hiérarchiques traditionnelles et propose des principes qui bousculent les rigidités comme, par exemple :

– Les solutions émergent de l’entreprise elle-même, à condition de savoir favoriser et écouter cette émergence

– La diversité est une vraie richesse à encourager et cultiver, ce qui signifie apprendre à organiser des débats dans lesquels tous peuvent être force de proposition

– Pour aborder le changement, il faut savoir “changer ses cartes mentales” afin de transformer sa vision de l’entreprise, appréhender les résistances au changement et mettre le système en mouvement

– Et enfin comprendre que l’intelligence est répartie parmi tous les collaborateurs, et en conséquence favoriser l’intelligence collective

Le Cdl : Les différentes cellules biologiques sont l’organisation, les équipes, les individus… quelle est la cellule la plus vitale pour l’entreprise ?

Pascal Gayet : La cellule la plus vitale est l’homme car il est le socle à partir duquel le système se constitue. Il s’agit d’abord de favoriser l’expression, la créativité et l’engagement de chacun pour libérer l’énergie du collectif à partir d’êtres libres et acteurs de leur propre motivation.

Le Cdl : Y a t il un leader biologique?  Quel en est le portrait ?

Pascal Gayet : Le leader biologique, c’est celui qui s’intéresse aux hommes avant les projets (le fameux “first who, then what” de Collins).C’est aussi celui qui développe au sein de son entreprise une culture de dialogue et une intelligence collective, qui sont les conditions essentielles pour développer une organisation apprenante

Le Cdl : Ces leaders existent ils dans le paysage français ?  Qui sont ils ?

Pascal Gayet : Tous les exemples relatés dans le livre proviennent d’entreprises françaises, le plus souvent directement soumises à la concurrence internationale et contraintes à s’adapter de plus en plus rapidement à des marchés très mouvants. Dans ces conditions, les leaders “biologiques” remplissent les meilleures conditions pour piloter leurs entreprises dans des univers instables. On les trouve aussi dans les PME et les systèmes associatifs, tous ceux qui, au cœur de la vie civile, ont compris comment focaliser l’intelligence et l’énergie de chacun pour transformer le monde.  Ils se regroupent au sein d’associations comme EVH (Entreprises par et pour des hommes vivants) fondée par Bertrand Martin et SOL (Solution for Organisational Learning) créée à l’initiative de Peter Senge.

Le Cdl : Que répondez vous à ceux qui pensent à l’inverse que l’entreprise n’a jamais été aussi peu vivante qu’aujourd’hui car totalement ligotée par le pouvoir financier ?

Pascal Gayet : Nous pensons, au contraire, que, pour résoudre la complexité des problèmes auxquels fait face l’entreprise aujourd’hui, en particulier dans le domaine financier, il est urgent de mobiliser l’intelligence collective. C’est en tout cas ainsi que Hervé Lorenzi, Président du Cercle des Economistes, nous l’a écrit : “faut-il encore croire à l’entreprise humaine et, au fond, surtout à l’homme”.