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GARANTIE JEUNES VS OUVERTURE DES COMMERCES LE DIMANCHE :

DE L’ETAT PROVIDENCE A L’ETAT CASTRATEUR

Face à la sur-médiatisation des procédures juridiques à l’encontre des enseignes de distribution pour l’ouverture le dimanche ou le soir, la Garantie Jeunes, déjà qualifiée de « prime glandouille » ou de « prime aux décrocheurs », est passée inaperçue.

En échos aux 150 000 jeunes que l’Education Nationale charrie chaque année sans aucune formation, ni diplôme, le gouvernement expérimente depuis le 2 octobre cette nouvelle allocation de 434€, versée dans un premier temps à 10 000 jeunes sans emploi et ne suivant aucune formation, sélectionnés dans dix territoires pilotes où « les décrocheurs » sont les plus nombreux.

Jusqu’à présent, tous les gouvernements s’étaient refusés à accorder un RMI aux moins de 25 ans pour que les jeunes ne s’installent pas dans l’assistanat dès leur sortie scolaire.

Cette ultime digue a sauté au nom d’une générosité louable en soi mais détestable par ailleurs lorsque, force est de constater, rien n’est fait pour baisser le coût du travail en France, qu’aucune innovation n’est lancée pour encourager les entreprises à faire de l’emploi des jeunes une priorité !

« Cette prime qui avoisine les pensions de retraites d’agriculteurs qui ont travaillé toute leur vie encourage l’assistanat des jeunes au lieu de leur financer des formations qualifiantes leur permettant de trouver du travail » (Valérie Boyer, Député des Bouches du Rhône)

L’objectif des 100 000 allocataires de cette « Garantie Jeunes » d’ici trois ans fait pourtant écho aux quelques 100 000 postes que l’ouverture dominicale du commerce pourrait garantir selon plusieurs sources convergentes !

Contrairement aux idées reçues, de l’emploi pour les sans-diplômes, il y en a massivement en France ! Certes, dans des secteurs où l’ascenseur social est encore une réalité comme la distribution, la restauration ou encore le bâtiment.

Au moment où nombre d’entreprises de ces professions peinent à recruter, ne peut-on aller au plus simple et concentrer l’argent publique sur de vrais programmes de recrutement et d’insertion !

La lutte contre l’exclusion est une vertu républicaine dont notre pays pourrait s’enorgueillir si elle reposait sur une volonté ferme d’aider celles et ceux qui créent de l’emploi ; la première fierté d’un entrepreneur, quel qu’il soit, c’est de créer justement de l’emploi, véritable symbole du partage de sa réussite. A l’inverse, on castre cette ambition au nom de dogmes et d’inepties économiques qui asphyxient les créateurs d’emplois.

Qu’il soit permis aux entreprises qui peuvent offrir de vrais emplois en cdi, accompagnés de formations, à des jeunes exclus (mais aussi à des séniors exclus) de se faire exonérer de charges sociales tout en bâtissant un plan de progrès de co-responsabilité Etats-Entreprises qui attribuerait le montant de cette prime jeunes au co-financement de formations ad’hoc !

Qu’il soit permis à ces mêmes entreprises de s’adapter aux nouvelles attentes des consommateurs en ouvrant leurs activités 7jours/7 ; au moment où internet permet d’acheter n’importe quel produit 24h/24, où le tourisme commercial est une réalité partout dans le monde, au nom de quoi interdire les ouvertures dominicales ou nocturnes qui bénéficient en priorité aux salariés les plus jeunes, ceux qui ont tout à prouver et sont prêts à gravir l’échelle sociale !

L’affaire des Bricorama, Castorama, Leroy Merlin où l’on a vu des salariés manifester contre leurs syndicats pour obtenir ce droit d’ouverture dominicale est un désaveu du dialogue social « made in France » terrible qui, aux yeux du monde entier, transforme le pays des 35h en pays qui interdit désormais la liberté de travailler !

Notre pays est depuis longtemps le symbole de l’assistanat, c’est un fait acquis ; aujourd’hui il se ridiculise en refusant l’entrepreneuriat individuel qui permettrait à chaque citoyen d’avoir sa chance !

Le Point titrait le 23 octobre dernier sur « Les Assistés » et démontrait, chiffre à l’appui, que dans un pays où 50% de la population ne paye pas d’impôt, un nombre croissant arrivait à avoir des revenus conséquent de plusieurs milliers d’euros en cumulant un millefeuille d’allocations diverses !

 

Où est la valeur travail ? Où est l’estime de soi ? Où est l’envie de s’en sortir ?

 

Recevoir est une chose, donner en est une autre ! Le travail repose comme toute composante majeure de la République sur un principe de droits et devoirs de toutes les parties prenantes ; il y a urgence à développer des règles du jeu équitables pour tous et à inverser ce principe détestable et tellement français qui veut que ce soit aux entreprises de tout assumer ! Embaucher, former, éduquer, intégrer, protéger… la liste des attentes est de plus en plus longue…

Au risque de choquer certains, l’entreprise, de la plus modeste à la plus puissante, est de loin la première vraie richesse d’une nation ; il est temps d’en prendre conscience et de passer pour de bon au XXIème siècle en réformant un système scolaire sclérosé pour garantir des formations qui débouchent sur de vrais emplois et en rendant le coût du travail enfin supportable !

 

La précarité n’est pas une fatalité !

 

Cessons ces discours de lutte de classe, ces combats menés par des experts qui pour la pluspart, n’ont jamais mis les pieds dans une entreprise ! Arrêtons de sacrifier une jeunesse qui demain sera tentée par le rejet républicain au nom de discours extrémistes (n’oublions pas que 25% des 18/25 ans ont voté FN à la dernière Présidentielle) en créant des contrats « abracadabrantesques » comme le contrat de génération dont l’échec fut enfin reconnu par Michel Sapin lui-même en octobre dernier !

L’emploi des jeunes n’est une priorité ni de gauche, ni de droite ; il relève de la conscience sociale de la République qui impose une mesure inédite d’allégement du coût du travail.

Au moment où nous battons des records inédits d’impôts, faisons les bons investissements pour l’avenir : l’insertion des jeunes dans le vrai monde du travail et non l’assistanat, en est un prioritaire !

Un pays digne de ses valeurs et fier de son avenir, est un pays qui non seulement fait de sa jeunesse son premier investissement mais qui donne aussi à chacun les moyens de réussir pour devenir une Femme ou un Homme libre et non un assisté !

 

Qui est Didier Pitelet ?

 

Reconnu comme l’un des meilleurs experts européens en communcation et en management, Didier Pitelet, après 16 ans passés à la tête de plusieurs entreprises de conseils et de communication, a fondé Moons’Factory en 2006 (Onthemoon, Moonpress, E-Walking et Moons’Académy), premier groupe spécialisé dans le conseil en réputation d’entreprise.

Ses ouvrages et notes de conjoncture développent depuis plus de vingt ans les enjeux de gouvernance d’entreprise et de management des relations humaines pour les années à venir. Il a publié en février 2013 aux éditions Eyrolles « Le Prix de la Confiance ».

 

 

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